:Soigner le « je » par le « jeu »

A l’atelier théâtre, des patients de l’hôpital psychiatrique osent aller à la rencontre de l’autre. Au programme cette année, une pièce de Feydeau, à voir au Patronage laïque.

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Cette année, ce sera  Je m’en fous  : le 12 juin, à 18 heures, les sept comédiens amateurs de l’atelier théâtre Vis’art seront sur la scène du Patronage laïque pour jouer une adaptation d’une pièce de Feydeau.  Dirigé par le metteur en scène Alain Fritsch, de la compagnie la Chaloupe, le petit groupe travaille depuis octobre sur cette comédie avec mari, femme, domestique et scènes de ménage.

« Les années précédentes, nous présentions des saynètes. Cette année, le groupe a voulu travailler sur une  vraie pièce. Alain Fritsch a proposé celle-ci et a distribué les rôles » indique Isabelle Boutin, infirmière en psychiatrie, qui suit l’atelier théâtre depuis sa création, il y a dix ans. Trois autres infirmières et une psychologue se sont embarquées dans ce voyage au long cours, qui réunit chaque lundi, durant deux heures, une dizaine de patients. Financé par l’association Pepsy, l’atelier est ouvert aux volontaires, hospitalisés ou pas, sur avis médical. « C’est un groupe stable, mais avec des nouveaux et des départs. Et un fonctionnement assez souple. » L’infirmière et ses collègues ont constaté les bienfaits de l’atelier sur les patients : « Ce sont des personnes en souffrance psychologique. Cet atelier permet de soigner la capacité à être en lien avec l’autre, par l’intermédiaire d’un personnage. Ça soigne le narcissisme, en amenant de la gratification. Une patiente nous a dit que cela calmait ses angoisses. »

Elle souligne aussi l’intérêt pour le personnel soignant et l’entourage :
« En situation théâtrale, un patient va faire rire ou provoquer une émotion. Cela nous permet de décaler notre regard. Et la famille qui vient assister à la représentation peut aussi le voir autrement qu’en tant que malade. C’est très important. »

(juin 2014)