Olivier Culmann est l'invité d'honneur des 22e Rencontres de la jeune photographie internationale. Portrait.
S’il baigne très jeune dans la photo - son père, amateur de photos, lui fait connaître Henri Cartier-Bresson et Josef Koudelka - aussi loin qu’il s’en souvienne, Olivier Culmann a toujours été intéressé par l’image au sens large.
Après des études de cinéma à Paris, c’est la photo qu’il choisit, « parce qu’elle offre une plus grande liberté de mouvement (…). Je suis beaucoup parti dans les pays de l’Est après la chute du mur. Je partais avec un budget moindre, un matériel léger, ce qui me permettait une indépendance plus grande. »
Sa première commande, il la réalise pour le magazine L’Etudiant. Il alterne alors commandes pour la presse et travaux personnels : « J’ai assez rapidement démarré le projet Les mondes de l’école, en 1993. » Pour ce travail au long cours, il sillonne pendant sept ans les écoles d’une vingtaine de pays avec son confrère Mat Jacob. Ils obtiennent une bourse de la Villa Médicis Hors les Murs.
« Notre démarche pouvait s’apparenter à du documentaire, mais très vite on a revendiqué un regard subjectif sur le monde. Du choix du cadrage au traitement de l’image, tout révèle la vision particulière du photographe. »
Approche singulière, également, que celle de Watching TV. De 2004 à 2007, le photographe choisit de travailler sur la place occupée par la télévision dans nos vies, religion cathodique. Il photographie alors en contre-champ les gens en train de regarder la télé, sans que le poste de télévision n’apparaisse à l’image. Un parti pris salué par le 3e prix du World Press Photo.
Avec The Others, Olivier Culmann poursuit son questionnement sur la représentation. 35 portraits d’Indiens de diverses castes, religions ou origines géographiques sont représentés. En réalité, aucun Indien ne figure sur les photos, qui ont été réalisées dans un studio de quartier, le photographe étant son propre modèle. « Ce qui m’intéressait était d’exploiter l’idée de la représentation. J’ai ramené de l’Inde uniquement ce que j’ai pu en percevoir. » L’exposition est alors montrée dans le cadre du Delhi photo festival, où elle suscite réactions hilares ou émotion. « Les gens de Delhi, qui pensaient voir de "vraies" photos, finissaient par comprendre le subterfuge en constatant que les personnages se ressemblent. »
Photographier l’ordinaire, questionner le médium photographique, inscrire son travail dans la durée : autant de traits saillants de l’œuvre photographique d’Olivier Culmann, qui se réjouit de découvrir la variété d’approches des huit jeunes photographes invités en résidence à Niort. Et sur lesquels il porte un regard bienveillant : « Les résidents vont travailler dans l’urgence, ils n’auront pas de recul et auront carte blanche, ce qui peut susciter des angoisses. Je serai là pour les accompagner… »
Olivier Culmann (en 6 dates)
- 1970 : naissance à Paris
- 1992 : devient photographe professionnel
- 1996 : devient membre du collectif Tendance Floue
- 2001 : parutions des livres Les Mondes de l’école (Marval) et Une Vie de poulet (Filigranes).
- 2011 : parution du livre Watching TV (Textuel) et exposition Watchers au Pavillon Carré de Baudouin à Paris
- 2015 : exposition The Others au Musée Nicéphore Niépce à Chalon-sur-Saône et parution de The Others (Xavier Barral)
