Doris Valerio et Anne-Sophie Servantie, artistes.

L’art et la matière.
Par Thomas Manse. Photo : Emmanuelle Brisson.

Qui ne connaît pas Doris Valerio ! Sa sculpture-fontaine installée dans le bas de l’avenue de Paris vous a sûrement fait de l’oeil au moins une fois. Ce que vous savez moins, c’est que l’artiste forme avec sa compagne peintre un duo tonique et libéré des contraintes de la vie. Une belle rencontre pour parler bande dessinée, handicap, créations et amour… Anne-Sophie Servantie et Doris Valerio se sont rencontrés dans un magasin. Lui cherchait un colorant rouille pour ses créations et elle en vendait. Une histoire née sous le signe de la couleur. Ces deux-là dégagent une complicité évidente faite d’amour, bien sûr, mais aussi d’admiration réciproque. Anne-Sophie peint et Doris sculpte. L’une voit, l’autre pas, ce qui ne les empêche pas de regarder dans la même direction. D’ailleurs, la spiritualité et l’amour sont les fils conducteurs de leurs créations respectives. Ils se sont installés à Niort dans leur maison-atelier rouge comme ils aiment à la présenter. Un lieu propice à la création, apaisé, dans une ville d’accueil ressentie comme un havre de paix après leur vie parisienne. Des vies, chacun en a eu avant. Architecte d’intérieur pour l’une, baroudeur à moto sur une partie du globe pour l’autre. Devenu aveugle à 30 ans, Doris découvre l’art grâce à une association de malvoyants qui organise des ateliers. Enfin, pas réellement une découverte, tant les signes qui ont jalonné son chemin depuis son enfance ont été nombreux, mais invisibles. Sa vie change et ses aventures deviennent des barouds intérieurs où il transforme la matière avec le génie de celui qui n’a que ses mains pour créer. Son talent est vite repéré et il devient sculpteur professionnel. La cécité, même si elle l’a changé, est devenue une alliée, mais en aucun cas un argument de vente. Doris ne veut pas être catalogué “sculpteur aveugle”. Toujours en quête de stimulations artistiques, l’artiste se qualifie volontiers de chercheur : trouver l’idée, puis la technique. C’est ainsi qu’il emploie de multiples matériaux pour ses oeuvres : plâtre, résine, bronze… Aujourd’hui connu et reconnu, le sculpteur met toute la passion de ses mains dans des créations à la couleur unique : le rouge Doris. Une bande dessinée, véritable déclaration d’amour de sa compagne, retrace sa vie, sans omettre les secrets de famille et les liens transgénérationnels. Son titre, La Dernière Couleur fut le rouge, rappelle la dernière vision du sculpteur avant le noir complet. Une bande dessinée, ode à la vie colorée, entièrement conçue et réalisée par Anne-Sophie, dans toutes les bonnes librairies niortaises depuis octobre dernier. Doris est actuellement exposé chez Grafic Encadrement, place du Temple et bientôt dans une galerie de Senlis. Un projet d’exposition visuelle et sensorielle combinant les oeuvres des deux artistes est déjà dans les tuyaux pour 2020. À suivre…