Emmanuelle Brisson, photographe niortaise doublement primée.

L’OEIL ET LE SENS.

Par Thomas Manse. Photo : Alex Giraud

ENTRETIEN AVEC UNE NIORTAISE SINCÈRE ET AUTODIDACTE QUI VIENT DE SE VOIR DÉCERNER DEUX PRESTIGIEUX PRIX DE PHOTOGRAPHIE.

Niortaise pur jus, Emmanuelle Brisson a passé son enfance dans le quartier de la Tour Chabot. Une blessure familiale la précipite (trop) vite et très jeune dans le réel, mais va aussi développer chez elle ce qui fait sa marque de fabrique : l’autodidaxie. Aujourd’hui, elle travaille à la communication du musée des Tumulus de Bougon et pratique la photographie en parallèle de son activité professionnelle. Une passion dévorante et obsédante bien qu’apparue assez tard dans son parcours de vie. “La photographie m’a toujours accompagné, presque à mon insu, en filigranes…” La découverte d’une boîte contenant des photos prises par son père qui a résidé en Afrique et l’achat d’un appareil photo numérique se font déclencheurs à retardement : “J’ai toujours été fascinée par l’image et son esthétique. Plus jeune, je dévorais les magazines de mode, car l’univers était inspirant. La photo est devenue une évidence plus tard.” Autodidacte, Emmanuelle apprend sur le tas et décide de faire de sa propre personne son principal sujet : “Je suis d’un tempérament timide, alors il était plus facile pour moi de m’engager dans l’autoportrait. J’ai créé mon “home studio“ et je me suis lancée dans le vide… De plus, ce travail m’a permis d’engager une thérapie par le prisme du processus créatif.” Un pari réussi puisque sa série “Double Je” est remarquée par Patrick Delat, le directeur du Centre d’Art Contemporain Photographique - Villa Pérochon, qui l’expose en 2014. Succès immédiat et reconnaissance locale donnent à la jeune photographe l’assurance d’être sur la bonne voie. Ce qui intrigue sa rétine, c’est l’humain, tant par sa forme que par son fond et Emmanuelle multiplie les séances avec des modèles souvent féminins : “Je préfère photographier les femmes, car elles sont sans retenues. Les hommes, selon moi, sont toujours dans l’idée de l’image de séduction qu’ils dégagent et ne pratiquent pas le lâcher-prise. J’aime créer une relation unique avec la personne que je photographie, faite de respect et de sincérité, afin de l’emmener dans mon monde. Et je peux emmener très loin, que ce soit dans un studio de 4 m2 ou au fin fond d’une forêt en pleine nuit…” Néanmoins, pour affirmer son talent, il faut se confronter aux autres, mais aussi à ses pairs. Emmanuelle se jette à l’eau, ou dans le grand bain révélateur, c’est selon, et participe à deux concours prestigieux.
Bien lui a en pris puisque qu’elle décroche, en 2017, le prix spécial du jury à la Bourse du Talent, catégorie portrait, mais aussi le prix QPN (Quinzaine Photographique Nantaise) pour sa série “Les profondeurs du coeur”. Pour l’intéressée : “Une reconnaissance immense pour un double travail dont l’un totalement personnel fait avec ma mère. Je suis émue à l’idée de penser que mon travail touche les autres. De plus, se retrouver exposée à la BNF (NDLR. Bibliothèque nationale de France) est un immense honneur.”

Pour découvrir l’univers d’Emmanuelle Brisson : www.emmanuellebrisson.com