Port Boinot, un aménagement naturel.

Loïc Mareschal et Franklin Azzi.
Paysagiste et architecte.
Par Isabelle Toesca. Photo : Darri.

Le paysagiste Loïc Mareschal et l’architecte Franklin Azzi ont orchestré la métamorphose de la friche Boinot en jardins et mis en valeur un patrimoine industriel oublié. Il s’agit pour eux d’un premier projet commun qui s’achève. Tous deux s’intéressent particulièrement à la reconquête des friches industrielles en coeur de ville et au rapport de la ville à son fleuve.

Quelles sont les principes communs qui vous guident dans vos réalisations ?
Loïc Mareschal (agence Phytolab). Franklin est architecte et se concentre sur le bâti. Moi, je suis paysagiste et travaille sur les espaces extérieurs. Nous tirons chacun parti d’un existant en le respectant, apprenons à regarder et analyser le potentiel d’un lieu avec pragmatisme qui n’empêche pas d’imaginer avec poésie un aménagement à venir. Port Boinot a été un formidable champ d’intervention commun. 
Franklin Azzi (agence Franklin Azzi Architecture). Notre travail réside dans l’observation préalable. Pour imaginer le futur, il faut bien connaître le passé pour ne pas faire d’erreurs. On a en commun cette démarche d’analyse historique et même technique d’un site. L’architecture et le paysage sont très comparables à la médecine, avant d’agir, on doit comprendre. Une intervention trop spontanée pourrait porter préjudice aux lieux. Ce sont plutôt eux qui nous guident dans un projet.

Qu’est-ce qui vous a intéressé dans le programme Port Boinot ?
Franklin Azzi. Tout d’abord, la symbolique du site pour Niort et la mémoire industrielle des lieux aujourd’hui disparue, liée à l’activité de peausserie qui remonte au Moyen Âge. Cet espace est tout en contradiction à la fois très industriel et à forte valeur environnementale. C’est un site charnière qui fait le lien entre la Sèvre et le centre-ville. La transformation fondamentale de ce type de site en rapport avec la culture, les loisirs et le bien-être des gens est très intéressante.
Loïc Mareschal. La dimension géographique des lieux situés à la fois sur une pointe et sur une île avec d’un côté la Sèvre sauvage et de l’autre la Sèvre canalisée. Nous nous trouvons ici à une confluence assez extraordinaire aux portes du Marais poitevin. Port Boinot était la pièce manquante du parc naturel urbain. Nous y avons créé des ambiances différentes en y déclinant l’idée du voyage, une invitation à l’évasion à travers ses jardins.

À votre avis, quels éléments de votre aménagement vont-ils le plus séduire ou surprendre les Niortais ?
Franklin Azzi. La mise en valeur d’éléments architecturaux qui avaient des fonctions particulières, différentes aujourd’hui, comme les bassins de décantation des peaux transformés en bassins botaniques, les ventelles en bois du séchoir qui servaient à ventiler les peausseries autrefois, les échelles de crue en rapport avec la thématique du port,… tous les clins d’oeil en lien avec l’histoire du site au niveau du paysage et des bâtiments.
Loïc Mareschal. J’ajouterai la mise en lumière de Port Boinot par le studio Vicarini qui donne à la nuit tombée une autre dimension au site dans ses couleurs, ses parcours et ses points de vue. Elle apporte aux lieux deux visions complètement différentes. C’est là sans doute un bel effet de surprise !