Anne Paceo, batteuse de jazz niortaise à grand success

LIBRE ET AFFRANCHIE

Par Thomas Manse. Photo : Sylvain Gripoix.

C’est dans sa maison familiale nichée au coeur du marais poitevin que nous rencontrons l’artiste de l’année des victoires du jazz 2019. Un lieu ressourçant et propice à l’écriture qu’elle affectionne. Petit voyage musical où se croisent baguettes, voyages et liberté de création. Anne Paceo est née à Niort. C’est dans cette ville qu’elle découvre son instrument de prédilection, la batterie. Des baguettes qui l’ont mené loin, très loin jusqu’à sa troisième consécration aux victoires du jazz (“Révélation” en 2011, “Artiste de l’année” en 2016 et 2019). À l’âge de 12 ans, elle suit sa famille à Paris et découvre ce qui va constituer son ADN, le jazz. Elle s’inscrit alors dans de nombreux conservatoires de musique et apprend en interprétant les standards du “Real Book”, véritable bible des classiques du jazz, notamment des comédies musicales de Broadway. En 2005, elle entre au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, bien décidée à dépoussiérer l’image d’un style musical mal connu du grand public. D’abord repérée comme accompagnatrice, elle joue professionnellement depuis ses 19 ans pour des grands noms tels Archie Shepp, Rhoda Scott, Michel Legrand ou bien encore Jeanne Added. Mais Anne Paceo sait aussi se montrer leader en créant ses propres formations et albums (Triphase, Yokaï…) qui l’emmènent sur les routes du monde, mais aussi de l’indépendance. Des hôtels de la Birmanie aux pommes de la Normandie, Anne Paceo est toujours accompagnée de frères et soeurs de tournées. Des compagnes et compagnons de route choisis tant pour leurs qualités humaines que pour leurs singularités musicales. Un ensemble dans lequel personne ne se sent lésé et peut s’exprimer. Son dernier et sixième album Bright Shadows témoigne de cette volonté d’aller toujours plus loin. Véritable succès public, c’est un voyage explosif et subtil où elle pose sa voix d’une façon plus affirmée. Une voix qui trouve sa place et sa juste valeur dans un boeuf accordé totalement maîtrisé où se croise sans jamais s’effacer, pop, soul, jazz et musique électronique. Néanmoins, si vous lui demandez de définir sa musique, elle vous répondra en quelques mots : libre et affranchie. Point de chapelles sectaires ici, juste des envies et des rencontres nées lors de nombreux voyages comme en Inde, en Colombie, en Turquie, au Brésil, en Haïti. Des lieux où la compositrice se nourrit de l’autre tout en donnant ce qu’elle fait de mieux, de l’énergie et des notes. Artiste connue et reconnue, Anne Paceo reste toujours en mouvement comme ses baguettes et réfléchit déjà à l’après-tournée. Au programme, la conception de nouveaux morceaux et une future création pour un point final à sa troisième année de résidence au festival “Jazz sous les pommiers”, à Coutances. Une musique décloisonnée à découvrir le 30 novembre au Moulin du Roc. Écoutez, ce n’est pas du jazz, c’est un souffle, c’est du “Âme” Paceo…