Laurent Colas, imaginatif et ouvert.

Par Thomas Manse.

Photo : Emmanuelle Brisson.

Institution industrielle, familiale et patrimoniale, l’entreprise ENO a souvent été personnifiée par ses dirigeants. Rencontre avec Laurent Colas, l’un des deux entrepreneurs qui ont ravivé la flamme de l’usine, il y a 15 ans. 
C’est en 2003 que Laurent Colas débarque en terres niortaises avec son associé et ami Antoine Thomas, tous deux originaires de Champagne : “Nous cherchions à acheter une entreprise produisant des articles grand public dans le domaine des loisirs et en situation délicate pour nous créer un vrai challenge.” C’est à Niort qu’ils trouvent la “belle endormie”. L’usine ENO, fondée en 1909 et dirigée par la famille Haineaux jusqu’à la fin des années 1980, inscrite au patrimoine industriel niortais, connaissait des hauts et des bas, leur tendait les bras. Spécialisée dans le chauffage mobile au gaz et l’équipement de cuisson compact, elle était aussi leader mondial des équipements de cuisson pour le nautisme et les loisirs. Un diamant brut. “Nous avons décidé de repositionner l’entreprise en rachetant aussi et en relocalisant en France son concurrent nord-américain, Force 10, avec le double objectif de valoriser le savoir-faire français et d’attaquer le marché américain.”
Cet attachement au made in France est clairement revendiqué par l’entreprise deux-sévrienne qui développe parallèlement son projet de planchas. “Un designer a été requis pour concevoir un objet pratique que l’on peut poser n’importe où. Un objet de loisirs et de qualité doté d’un petit plus, l’émail, qui lui permettra d’obtenir le label Entreprise du patrimoine vivant qui distingue les entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence. Un label dont nous sommes très fiers et qui nous a permis de booster nos ventes !” Conscient du poids d’ENO dans l’imaginaire niortais, le Champenois ne pratique pas l’entre soi et veut ouvrir son entreprise sur la ville en initiant le projet “ENO, Le Lab”. Un concept rare, voire unique en France, de troisième lieu ouvert au coeur d’une usine. Ce lieu d’échanges et de pédagogie, dédié au savoir-faire industriel, mais intéressant aussi les domaines artistique et culinaire, débutera ses activités en juillet. “Suite à de nombreuses demandes de visites de notre site, j’ai compris l’importance d’ENO dans la mémoire locale et collective. J’ai donc imaginé un espace constitué de trois univers pour toucher le plus de monde possible. Le “Plancha Lab”, dédié aux cours de cuisine à la plancha ; le “Fab Lab”, collectif dans lequel seront mis à disposition des outils technologiques et numériques, et le “Emaux Lab”, destiné à mettre le savoir-faire d’ENO en matière d’émaillage au service de la création.” La gestion du “Fab Lab” sera laissée à l’association melloise de médiation scientifique “La Bêta-Pi”. Une volonté de Laurent Colas de travailler avec le monde associatif et de s’ouvrir encore plus au territoire qui est le sien depuis 15 ans.