Michel Achegane, poing à la ligne.

Par Thomas Manse. 

Michel Achegane est direct du droit. Il vous parle dans les yeux comme on jauge un adversaire sur le ring et a le verbe facile et chaleureux. Enfance chahutée, noble art, réinsertion, philosophie… petites leçons de vie d’un homme qui en a eu plusieurs. Michel Achegane, est arrivé à Niort en 1972 avec sa famille, à l’âge de 12 ans. Fils de harkis, ses parents lui donnent un prénom français par volonté d’intégration. L’ado du Clou-Bouchet commence par emprunter le mauvais chemin et s’attire quelques ennuis avec la justice. Qui vole un oeuf vole un boeuf et le voilà condamné à une lourde peine. Un passé qu’il ne glorifie pas, mais qu’il assume pleinement et qui lui a permis d’être l’homme accompli d’aujourd’hui. Amateur de boxe depuis tout jeune, il pousse la porte d’une salle niortaise et rencontre ses deux pères spirituels : Henri Moreau et André Dutel. Le premier va l’entraîner, canaliser sa rage et déceler son potentiel. Le second lui tend une main bienveillante et va le tirer vers le haut. Notre boxeur enchaîne les victoires (champion régional) et se permet le luxe d’affronter Philippe Watrelle, champion olympique et grand distributeur de pains devant l’éternel. Il ne perd que d’un point ce match homérique, mais notre homme se targue de n’avoir jamais été mis K.O. dans tous les combats qu’il a menés. Une jambe cassée lors d’un tournoi de foot (sic) arrête net sa carrière en compétition, mais va lui ouvrir d'autres voies. La fibre éducative chevillée au corps, il décide de donner après avoir reçu, de tendre la main pour enfiler des gants. Diplômé d’État et spécialisé en insertion et réinsertion, Michel Achegane porte la philosophie du Noble Art dans les prisons ou dans les écoles. Même si les publics sont différents, les valeurs véhiculées par la boxe sont, elles, les mêmes. Il arrive ainsi à instaurer un climat de confiance et de respect et compte parmi les acteurs locaux comme celui qui peut donner une seconde chance. Le gamin du bitume donne même des conférences sur son itinéraire où il alterne avec humour et sérieux, les différentes étapes de sa vie. C’est avec le “Poing de rencontre Niortais”, club de boxe connu et reconnu basé au Clou-Bouchet que Michel porte la bonne parole du pugilat. Ouvert en 1992, le club revendique 148 adhérent(e)s de toutes classes sociales et un effectif à 60 % féminin. On y pratique la boxe éducative comme de loisir, en amateur ou en fitness. À chacun son gant, en quelque sorte… Un club, mais aussi une équipe aux liens quasi familiaux, sans laquelle de son propre aveu, Michel Achegane ne pourrait autant donner aux autres. Mais son grand rêve serait de voir naître à Niort une autre salle qui regrouperait toutes les boxes existantes, de la Thaï à la Française et qui permettrait de se perfectionner en touchant à toutes les techniques. Gageons qu’avec la volonté qui l’anime et son oeil du tigre, ce projet pourrait un jour sortir de terre.

Retrouvez toutes les infos sur www.lepoingderencontreniortais.com.