:Trois garçons dans le vent

La compagnie d'art de la rue, le Snob, se produira le 10 décembre en centre-ville. Parmi les neuf membres de la troupe, trois sont frères : les Rivière. Portrait de famille.

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La compagnie d'art de la rue, le Snob, se produira le 10 décembre en centre-ville. Parmi les neuf membres de la troupe, trois sont frères : les Rivière. Portrait de famille.

Ces gens-là n’ont de snob que le nom de scène. La chaleur des trois frères Rivière vous englobe. Didier, Olivier dit Poocks et Ludo, Pexinois d’origine, sont réunis autour d’une même table pour la millième fois sans doute et semblent toujours y prendre autant de plaisir. Ils ont même convié Jean-Claude, leur papa, pour évoquer le formidable parcours du "Service de nettoyage des oreilles bouchées". Leur compagnie d’art de la rue, plus connue sous le nom de "Snob", a célébré ses quinze ans en fanfare et dans la rue l’été 2009. De mémoire de Niortais, on n’avait pas vu une fête pareille depuis des lustres !

Des débuts dans la musique de Fabrice, le quatrième frangin par qui tout s’est déclenché, à l’accompagnement délirant de Jacques Higelin aux Francos en 1997, en passant par les tournées à Cayenne, Melbourne, Beyrouth, les 30 000 spectateurs au Chili… on feuillette le grand livre de la saga aventureuse des Rivière la mâchoire pendante. Ils cartonnent dans le monde entier ! Mais il ne faut pas s’y tromper. Derrière les paillettes, deux choses priment : l’art et la rue.

Comme tous musiciens, ils ont dû commencer par la soumission sacerdotale au solfège et à la technique instrumentale. Pas facile quand on est gamin. Ainsi vouent-ils une reconnaissance absolue à leurs parents et aux maîtres qui les ont guidés vers la vie rêvée d’aujourd’hui. Très vite les trois frères ont la chance de pouvoir mutualiser leurs savoirs. Tous les dimanches, dans la maison familiale de Sainte-Pezenne "Les Pieds cuivrés" font leurs premiers pas. "On jouait de tout, du groove, du rock… " Au fil des rencontres et des bœufs, les Rivière sont de plus en plus souvent dans les bons plans ; chacun de leur côté, puis ensemble. Ils travaillent, ils sont bons, ils s’éclatent.

En 1994, le festival des "Balades contées" de Rochefort agit comme un révélateur. Ils entendent l’irrésistible appel de la rue. La preuve, cette même saison ils créent Les Balayeurs et revêtent leur fameuse tenue orange de travailleurs sur voie publique. Une identité se met en place, le Snob naît.
Ils franchissent un nouveau cap avec la création de Folie d’une nuit d’été. Un spectacle à part entière qui leur confère une dimension artistique supplémentaire. "Dans la rue, il en faut plus : on soigne l’aspect comédie de nos représentations. Le public est libre de partir quand il veut. Il faut être très bon pour retenir les gens." Toujours en ébullition créative, ils travaillent dur l’hiver et marquent les esprits à chaque sortie estivale. Pour Miss fanfare, ils deviennent mi-femmes – mi-instruments de musique. Dans Firebirds, cette fabuleuse création qu’ils ont interprétée avec le Titanic theater pour leurs quinze ans, ils accompagnent de drôles d’oiseaux très déjantés… Une dizaine de spectacles ont ainsi vu le jour et parcouru la planète.

Outre l’ingratitude, les Rivière luttent aussi contre tout conservatisme. Politisés depuis le berceau, militants invétérés, ils trouvent dans la rue une parfaite résonance à leur conception de la société. Ainsi furent-ils des fers de lance de la fronde contre la réforme du statut des intermittents. 
Et la fratrie dans tout ça ? Rien d’autre qu’une continuité naturelle. "Sur les neuf qui composent le Snob, six sont là depuis le début. L’intimité est aussi importante avec ceux-là qu’entre nous trois. Si notre fratrie représente quelque chose de particulier, il faut le demander aux autres… " En fait, la famille Rivière a tout sauf des limites. Vous le constaterez par vous-même dans les rues de Niort, avec la représentation phénoménale du ballet improbable Glisssssendo le 10 décembre.

Karl Duquesnoy