:Pouce-Pouce à Madagascar

Rencontre avec Christophe Lagrange, président de Pouce-Pouce. Le logo de son association s’affiche désormais sur un kiosque-fontaine de Madagascar, à côté de celui de la Ville de Niort.

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Rencontre avec Christophe Lagrange, président de Pouce-Pouce. Le logo de son association s’affiche désormais sur un kiosque-fontaine de Madagascar, à côté de celui de la Ville de Niort.

Pouce-Pouce a choisi d’agir à Diego Suarez, pourquoi ?

Christophe Lagrange : "J’ai découvert Madagascar en 2002, lors d’une mission de coopération menée par le Service départemental d’incendie et de secours. Je me suis passionné pour ce pays, magnifique mais très pauvre et qui a tellement besoin de coups de pouce ! J’ai fait le tour, j’ai rencontré beaucoup d’élus, la plupart étaient soit corrompus, soit inactifs… À Diego Suarez, le maire a eu un discours différent. Il s’est intéressé à notre projet et a proposé de fournir la main d’œuvre et le transport des matériaux. Il nous a orientés vers les priorités que sont l’hygiène et l’eau. L’association a été créée en septembre 2008 à Niort et la première convention avec la mairie de Diego Suarez a été signée en mai 2009 ; un premier kiosque fontaine a été construit, cela a établi une relation de confiance."

  • Comment fonctionne l’association ?

Christophe Lagrange :"Pouce-Pouce compte une centaine d’adhérents et adhère à Niort associations. Nous menons une à deux fois par an une mission sur place de 15 jours et réalisons une à deux constructions par mission. Un kiosque fontaine, avec compteur et robinets à l’intérieur, coûte 800 euros. A chaque fois, l’association de quartier crée un emploi qui s’autofinance : le fontainier encaisse l’argent des seaux d’eau. Une fois réglé le service des eaux, il reste de quoi payer son salaire et l’entretien. On ne fait que des actions pérennes et mûrement réfléchies. Et on ne donne jamais d’argent, on achète le matériel sur place. On n’apporte de France que quelques manuels, fournis par l’école Michelet, des stylos et des pièces de 4L. Nous payons nos billets, l’hôtel, et nous prenons du temps sur nos congés. Nous sommes bénévoles à 100% ! Je consacre environ 10 heures par semaine à l’association."

  • Quel est le bilan des actions de l’association depuis sa création ?

Christophe Lagrange :"Notre budget est passé de 1 000 euros en 2008 à 5 000 euros en 2011. En trois ans, nous avons construit six kiosques fontaines, réhabilité un lavoir, acheté et remis en état un taxi et créé huit emplois. Et nous aidons à la rénovation d’une maison pour tous qui a ouvert fin décembre à côté d’un collège. Le but, c’est que n’importe quel gamin puisse être accueilli. On a injecté 1 000 euros et on remettra 1 000 euros en 2012 pour les peintures, les jeux et le terrain de sport. Maintenant, on arrive à lancer les travaux avant notre arrivée, grâce à monsieur Babou, notre coordinateur bénévole sur place. Cela permet de consacrer du temps au reste des actions. A chaque mission, on consacre aussi 300 euros à une association d’éducation ou de réinsertion -50% de la population a moins de 18 ans- ou d’aide aux femmes."

  • Quels sont les projets 2012 ?

Christophe Lagrange : "Cette année, nous sommes à la recherche de mécènes pour un gros projet : la rénovation du marché aux poissons de Diego Suarez, prévue pour 2013. Le budget est de 9 000 euros, dont 50% liés à l’assainissement. Nos autres projets pour la prochaine mission, en mai 2012, sont la construction d’un nouveau kiosque fontaine, l‘organisation d’un tournoi de foot avec 80 enfants de 8 à 10 ans, qui auront tous un équipement complet grâce à un magasin de Niort . Et aussi l’inauguration de la maison pour tous ainsi que la signature d’une convention pour un lavoir qui sera réhabilité en octobre prochain."

Propos recueillis par Véronique Duval



Diego Suarez
Cette cité du nord de Madagascar compte, comme la nôtre, 60 000 habitants au cœur d’une agglomération de 100 000 personnes. Diego Suarez est une zone touristique. Mais l’accès à l’eau potable reste un luxe : seulement 5 % des foyers sont équipés. L’immense majorité des Malgaches va chercher l’eau dans des seaux. C’est la tâche dévolue aux enfants, qui font souvent plus de 2 kilomètres pour se rendre à la fontaine.


Contact : Pouce-Pouce, courriel lagrangechristophe@neuf.fr tél : 05 49 73 46 41.