:Métiers de bouche : Des ouvertures pour les jeunes

Claude Guignard, président fondateur du Carrefour des métiers de bouche, invite les jeunes à saisir les opportunités offertes par les filières des métiers de bouche. Entretien.

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Claude Guignard, président fondateur du Carrefour des métiers de bouche, invite les jeunes à saisir les opportunités offertes par les filières des métiers de bouche. Entretien.

  • Les manifestations dédiées aux métiers de bouche et à la gastronomie ne manquent pas. En quoi la vôtre se démarque-t-elle ?

Claude Guignard : D’abord par le fait que nous sommes le seul, en France, ouvert gratuitement aux professionnels et au grand public. Nous sommes également le seul organisé par des bénévoles des fédérations des métiers de bouche. Notre association ne compte aucun salarié. Dès la création en 1991, le but était de favoriser l’intérêt des jeunes pour nos métiers et les orienter sur les formations. Pour cela il fallait que le salon soit gratuit. Je dois dire que la mission est réussie, car à la suite de chaque Carrefour, nous enregistrons en moyenne 10 % de jeunes en plus en apprentissage.

  • Vos métiers ont-ils toujours du mal à recruter des jeunes ?

Claude Guignard : Beaucoup et particulièrement cette année. La restauration est relativement épargnée, mais la boulangerie, la boucherie, la charcuterie sont très impactées. Le Carrefour est précisément là pour démontrer combien ces métiers peuvent être attrayants. Nous nous efforçons de créer un climat favorable à la rencontre et à la discussion entre les jeunes et les professionnels. Il est plus agréable et moins stressant pour un gamin de 14 ans de discuter avec un professionnel sur le salon plutôt que frapper à sa porte pour lui demander s’il veut bien le prendre en apprentissage.

  • Pourquoi les jeunes rechignent-ils à aller vers ces métiers et vers l’apprentissage ?

Claude Guignard : Il y a eu des erreurs historiques de l’Éducation nationale qui n’a pas compris le poids de l’apprentissage et s’est ingéniée à orienter les enfants vers l’école traditionnelle, à les envoyer systématiquement à la fac après le bac, par exemple. Sauf que, même très doués, il y a des gens qui ne sont pas faits pour cela, ou qui n’ont pas forcément envie de poursuivre leurs études. On paie aujourd’hui cette mauvaise politique d’un passé encore récent. La Carrefour, à son niveau, vient revaloriser l’apprentissage et, argument de poids, démontre que nos métiers recrutent. Les salaires sont plutôt bons maintenant, les contrats plus intéressants, on bénéficie des assurances et des complémentaires comme tout le monde. Ce qui n’est pas négligeable dans le contexte actuel.

  • C’est quoi un visiteur heureux, pour vous ?

Claude Guignard : C’est quelqu’un qui, en sortant, va prêcher la bonne parole, qui parle de nos métiers en bien autour de lui et qui ressort avec la banane. Comme un restaurateur qui voit partir ses clients avec un grand sourire de satisfaction. La deuxième réussite, c’est que le Carrefour créé une émulation auprès des jeunes, qu’il leur ouvre des perspectives d’avenir, même à ceux n’avaient peut-être pas imaginé faire carrière dans nos métiers.

 

 Propos recueillis par Jean-Philippe Béquet

(Le 12 octobre 2014)

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